Il est possible que les petits déversements de carburants provenant de camions-remorques ne fassent pas les manchettes dans la même mesure que les accidents de citernes. Cependant, ils ont également des répercussions indésirables sur l’environnement et la collectivité, surtout si un déversement survient près d’un plan d’eau. S’il n’est pas adéquatement géré, même un petit déversement peut entraîner d’importants coûts de dépollution.
Le problème est que les déversements de citernes ne sont pas très fréquents. Par conséquent, bien des exploitants ne forment pas leurs chauffeurs sur le confinement des déversements. Cependant, comme le rappelle le dicton, des accidents peuvent arriver et les chauffeurs doivent être préparés. Un déversement de carburant peut survenir pour toutes sortes de raison. Par exemple, le réservoir peut être perforé si le chauffeur frappe un objet invisible à partir de la cabine ou s’il est impliqué dans une collision.
Il est essentiel que les exploitants de flottes forment leurs chauffeurs et leur fournissent des ressources pour aider à réduire les coûts environnementaux et financiers d’un déversement. Il faut un plan d’intervention d’urgence détaillant ce que doit faire le chauffeur advenant un déversement de carburant. Voici un aperçu général des pratiques exemplaires et des conseils élaborés par l’Association canadienne des carburants et qui devraient figurer dans le plan d’intervention d’urgence en cas de déversement :
- Former les chauffeurs : Avant leur départ sur la route, les chauffeurs doivent recevoir une formation sur l’utilisation du matériel de la trousse de déversement. Il est également recommandé d’ajouter des instructions d’utilisation avec la trousse elle-même. Le matériel de la trousse de déversement ne suffira probablement pas à contenir la totalité d’un déversement, mais il peut se révéler utile pour l’intervention immédiate, comme une trousse de premiers soins.
- Signaler l’incident : La première chose que doit faire le chauffeur est de signaler l’incident aux autorités, d’appeler la police ou les intervenants d’urgence et leur employeur. Le chauffeur doit avoir le nom et les coordonnées téléphoniques des personnes à joindre durant le jour et à l’extérieur des heures normales de travail. Il doit être au fait des renseignements qu’il doit transmettre au sujet de l’incident (par exemple, l’emplacement du déversement et la nature de l’urgence).
- Sécuriser la scène : Le chauffeur doit évaluer la scène et prévoir un plan d’action s’il n’est pas blessé et s’il est sécuritaire de le faire. Le chauffeur doit sécuriser la zone, ce qui pourrait impliquer des mesures de contrôle de la situation (p. ex., installer des cônes orange pour empêcher la circulation des autres véhicules dans le déversement) et s’assurer que les gens se trouvent dans un endroit sécuritaire si les autorités ne sont pas encore arrivées sur les lieux.
- Évaluer les dangers : Dans le cadre de leur programme de formation, les chauffeurs doivent comprendre les risques d’incendie de base liés aux produits pétroliers, de même que les dangers potentiels liés à l’électricité statique et être en mesure d’atténuer ceux-ci. Par exemple, le fait de poser le pied dans le carburant peut entraîner une décharge statique suffisante pour que le feu prenne dans le carburant. Par conséquent, le chauffeur doit être extrêmement prudent autour du déversement. Le chauffeur doit aussi comprendre les exigences liées à l’équipement de protection individuelle (ÉPI).
- Contenir ou confiner le déversement : À la suite de l’évaluation de sécurité, le chauffeur doit prendre des mesures pour contenir le carburant (le garder dans son contenant) ou le confiner (le garder dans une zone définie) à l’aide d’une trousse de déversement et d’autres équipements fournis par son employeur. Voici certaines pratiques clés :
- Protéger les plans d’eau (ruisseaux, rivières et lacs) en creusant une tranchée ou en aménageant un rebord afin d’éviter que le carburant se répande.
- Recouvrir les égouts pluviaux ou les regards au moyen d’un tapis de caoutchouc fourni dans la trousse de déversement ou de tout autre matériel pouvant en assurer la couverture, comme un sac en plastique.
- Boucher le réservoir d’essence pour prévenir le déversement de quantités de carburant supplémentaires. Il existe plusieurs produits sur le marché pour colmater les réservoirs d’essence et de diesel endommagés.
- Ramasser le déversement à l’aide de matériel hydrophobe absorbant : tampons, chaussettes ou barrières hydrophobes. Le matériel hydrophobe absorbant fonctionne mieux sur les déversements de carburant ou de pétrole, car il n’absorbe que le carburant ou le pétrole, et non l’eau.
Si vous n’avez pas encore de plan d’intervention d’urgence ni de programme de formation pour vos chauffeurs, vous avez avantage à en amorcer l’élaboration. Dressez une liste d’entreprises offrant des services comme le nettoyage d’urgence de déversements pétroliers et la remise en état environnementale et communiquez avec ces entreprises pour vous assurer qu’elles sont en mesure de répondre à vos demandes en cas de besoin. Effectuez des simulations d’urgence pour mettre en pratique la formation des chauffeurs et finalement, communiquez avec votre courtier pour vérifier si votre entreprise est couverte advenant un déversement de carburant découlant d’un accident automobile et, le cas échéant, en vertu de quelle police d’assurance. Un plan d’intervention d’urgence bien élaboré, combiné à une couverture d’assurance adaptée aux besoins de votre entreprise, est votre meilleur moyen de défense contre les petits déversements de carburant.
Source : Association canadienne des carburants, Transport terrestre : Directives d’intervention d’urgence en cas de déversements de produits pétroliers, janvier 2013